Comme le révèlent les données du baromètre de Santé publique France, La santé mentale des français se dégrade. En 2021, 12,5 % des personnes âgées de 18-85 ans auraient vécu un épisode dépressif caractérisé (EDC) au cours des douze derniers mois, un chiffre en hausse de 3,5 points de pourcentage par rapport à 2017. Les jeunes adultes sont de loin les plus touchés : autour d’un sur cinq (20,8 %) aurait été concerné en 2021, soit presque deux fois plus qu’en 2017 (11,7 %).
Alors, face à cette épreuve largement répandue, que faire ? En quoi l’épisode dépressif est un danger ? Et en quoi, paradoxalement, cela peut-être aussi une opportunité de grandir, c’est-à-dire de trouver de nouvelles clés pour s’épanouir ?
Une dépression, c’est quoi exactement ?
La dépression se caractérise par trois grandes catégories de symptômes :
- La chute de l’humeur. La personne « broie du noir », « n’a pas le moral ». Son regard sur le monde est pessimiste, négatif. L’existence -le passé, le présent, l’avenir- est abordé de manière morose, dramatique, voire tragique.
- Un désinvestissement de soi et du monde. La personne n’a plus envie de rien. Toute activité devient une « montagne » à franchir, une « corvée » désagréable et insurmontable. La personne dépressive a perdu son élan vital, son énergie, sa motivation à faire et à être. Elle se replie sur elle-même, s’isole. Le désir baisse, l’appétit baisse, le transit intestinal se ralentit, ainsi que la concentration, la mémoire, le raisonnement.
- La souffrance psychique. La personne dépressive souffre de son état car elle garde toute la conscience de ce qui se passe pour elle. Observer cela en soi créé une grande souffrance. Elle ressent un sentiment d’échec, de dénigrement de soi, d’infériorité, voire aussi de honte de se voir ainsi. Elle souffre d’angoisses – ce qui perturbe le sommeil -, mais aussi de culpabilité, et un sentiment d’impuissance face à cette maladie qui « lui tombe dessus » sans crier gare. La personne dépressive peut vraiment avoir la certitude de ne jamais pouvoir s’en sortir.
Quelle est la différence entre une dépression et un état de dépressivité, ou déprime passagère ?
L’état de dépressivité, ou déprime passagère, est un état naturel, qui accompagne le plus souvent des étapes de changement dans notre existence. A chaque fois que nous évoluons vers du nouveau, en nous séparant du passé. Ainsi, tous les progrès de croissance chez l’enfant s’accompagnent d’une dépressivité. Mais l’enfant n’ayant pas encore la conscience et les mots pour le dire, cet état de déprime va se manifester au travers des maux du corps : constipation, pipi au lit, fièvre, sommeil agité, manque d’appétit, etc. La crise pubertaire est une autre forme de dépressivité. Celle-ci se traduit normalement de façon bruyante, dans un contexte de conflits, de malentendus, de rapports de force, et de désobéissance. C’est l’étape saine de la différenciation, où l’adolescent doit également faire le deuil de son image d’enfant androgyne.
Chaque étape de dépressivité signe donc le changement, et un deuil symbolique à vivre, une page à tourner, une mue à réussir, un sacrifice à faire pour vivre le nouveau. Il est essentiel que ce passage soit reconnu, accueilli, parcouru, avec ce qu’il comporte d’émotions riches et contradictoires. Dans ce cas, la dépressivité sera passagère.
La dépressivité est donc une manifestation normale, mais également tout à fait souhaitable pour l’épanouissement de l’être.
Dans les sociétés traditionnelles, ces étapes de vie sont l’occasion de rites de passage collectifs accompagnant l’intéressé.e dans sa mue, ainsi que son entourage dans le regard qu’il porte sur cet être en transformation. Par exemple, en côte d’Ivoire, Chez les Attiés, au cours de la fête des générations, la classe d’âge dirigeante passe le flambeau à une autre classe d’âge qui, ayant ainsi atteint l’âge de la maturité, aura à son tour à gérer les affaires du village. Ce passage de flambeau permet de marquer la transition entre l’adolescence et l’âge adulte.
« La dépression, elle, représente l’accumulation au cours des années d’une quantité de dépressivités refoulées, censurées, non vécues, avortées, interdites. »1
En tant que psychopraticienne, j’observe que les états de dépressivité inhérents aux différentes étapes de notre existence sont devenus tabous. Ils sont vécus comme négatifs, ils doivent dans le regard de l’occidental être combattus, refusés, refoulés. Les deuils, la maladie, la mort, le handicap, la vieillesse, sont pathologisés, à éradiquer, voire à médicaliser. Or le tragique existe, et les épreuves, faisant partie de la vie, nous incitent à apprendre, grandir, développer nos capacités créatives de rebond et d’agilité.
La dépression se manifeste donc là où les émotions liées aux changements dans nos existences n’ont pas été reconnues, prises en charge, parlées, digérées par notre psychisme. Un évènement extérieur, un parmi tant d’autres, va déclencher les symptômes de la dépression, sans en être vraiment et totalement la cause. Cet évènement déclencheur, c’est la goutte qui fait déborder un vase déjà trop rempli.
Comment la psychothérapie et l’hypnose peuvent vous aider ?
La souffrance psychique est donc essentiellement générée par l’impuissance en face d’événements dont on se sent victime : deuils, divorce, vieillissement, abandons, chômage, maladie, incapacité à communiquer, angoisse de mort, etc.
Le plus souvent, la réponse apportée à ces moments de crise sera la répétition de réactions acquises au cours de la petite enfance – rage, dépression, fuite devant le réel, etc., faute de trouver des modes d’être plus adaptés.
Pour le psychopraticien en Analyse Psycho-Organique, contrairement aux idées reçues, la dépression, loin de constituer une maladie à éradiquer, représente une crise maturante, l’occasion privilégiée de guérir son enfant intérieur, son adolescent intérieur, ou le jeune adulte en soi. À condition d’être accueillie et travaillée, cette dépression aide la personne à faire le deuil de son passé, à devenir enfin elle-même, celle qu’elle a toujours été mais n’a jamais osé être, par peur de déranger, de déplaire, d’être rejetée, abandonnée, mis au ban.
Il s’agira donc, au sein du processus de psychothérapie, de regarder là où les émotions n’ont pas pu être exprimées, de manière consciente ou inconsciente. De reprendre toutes les situations où l’expression émotionnelle a été empêchée, censurée, refoulée. Et de donner l’autorisation à cet être du passé que nous avons été, lointain ou proche, de ressentir, d’éprouver, et d’exprimer à l’extérieur de lui toute la palette émotionnelle liée à cet ou ces évènements, souvent traumatiques et douloureux.
Cette expression émotionnelle peut se faire par la parole, par de l’expression émotionnelle brute (abréaction), mais aussi par le mouvement du corps (danse, mouvements sans paroles permettant l’expression de l’agressivité, de la colère), ou encore par le biais d’une médiation thérapeutique (écriture, dessin, collage, argile, œuvre personnelle, etc.).
Ainsi projeté à l’extérieur, tout cet arc-en-ciel émotionnel va créer soulagement, transformation, et sublimation. Les différents évènements concernés vont ainsi être digérés par le psychisme, et libérer de l’énergie pour mieux vivre son présent. Par la même occasion, de nouveaux comportements face aux épreuves de la vie auront été appris. Des comportements plus ajustés et plus écologiques à l’être que nous sommes devenus.
l’hypnose, quant à elle, va être très utile pour apprendre à s’auto-réguler dans le présent :
- Apprendre à « chausser des lunettes roses » pour relativiser notre vision du monde en tant que dépressif, et faire un pas de côté ;
- Sortir progressivement du réflexe dramatique, en pondérant nos pensées ;
- Réguler les crises d’angoisses qui peuvent survenir ;
- Stimuler notre envie de faire à nouveau, en ravivant le désir et la satisfaction du désir accompli ;
- Améliorer le sommeil
- Apprendre à nous offrir des moments de « ressourcement », qui stimule la création de dopamine et d’endorphine dans le corps, booste notre motivation et notre élan vital
Pour prendre rendez-vous, c’est ici : https://en-quete-de-soi.fr/contact/
Et que dire des anti-dépresseurs et anxiolytiques ? Sont-ils nécessaires ?
Une psychothérapie est réussie lorsque nous n’avons besoin d’aucune béquille chimique légale ou illégale. Lorsque nous tenons debout en toute autonomie, que nous sommes capables d’être en joie, de prendre soin de soi et d’être acteur de notre vie, dans un sentiment de maîtrise significative de nos capacités.
Le but d’une psychothérapie est donc in fine d’éliminer tout traitement médicamenteux.
Cependant, de temps en temps (et non de manière systématique), le corps a besoin d’aide :
- Lorsque les passages à l’acte deviennent dangereux, pour soi, ou pour les autres
- Lorsque les angoisses sont trop massives, et empêchent le travail thérapeutique de se dérouler
- Lorsque la dépression s’accompagne d’autres troubles psychiques (bipolarité par exemple), et demande une prise en charge plus conséquente
- Lorsque le sujet épuise toutes ses ressources et ne peut les reconstituer (par le sommeil par exemple)
Une discussion avec un médecin généraliste ou un psychiatre est alors utile. Un travail de concert entre professionnels de santé est recommandé, pour gérer la prise médicamenteuse, jusqu’à son terme.
Pour prendre rendez-vous, c’est ici : https://en-quete-de-soi.fr/contact/
La réponse que propose la psychothérapie face à la dépression consiste non seulement en une augmentation de la connaissance de soi, mais aussi en un développement de la conscience de soi, de ses limites, de ses enjeux inconscients et de son potentiel, amenant la personne à mieux devenir acteur de sa vie. C’est un processus lent et progressif dans le respect du rythme de chacun. L’hypnose est un outil de soutien et d’apprentissage à l’auto-régulation qui accompagne le processus thérapeutique, et accélère les changements souhaités.
Vous souhaitez en savoir plus ?
Je vous propose ici 2 sources de compréhension supplémentaires :
https://www.youtube.com/watch?v=BajgFuaHNFE&rco=1 | Pour comprendre ce que vit une personne dépressive dans votre entourage : Trois jeunes adultes ayant souffert ou souffrant encore de dépression sévère témoignent avec leurs proches de la difficulté spécifique de cet état, qui peut conduire au suicide s’il n’est pas pris en charge. Des thérapeutes apportent leurs éclairages sur les questions posées par la dépression et la manière dont on la soigne. |
Pour comprendre comment traverser et guérir de la dépression :
À travers huit témoignages de femmes, l’auteur expose et développe les symptômes de la dépression, leur origine, leur signification et nous permet de nous familiariser avec les grands concepts de la psychanalyse moderne. Un des livres les plus pédagogiques et optimistes que je connaissent sur cette maladie psychique. |
Pour prendre rendez-vous, c’est ici : https://en-quete-de-soi.fr/contact/
- « La dépression : une épreuve pour grandir ? » de Moussa Nabati, le livre de poche, p.214.